J'ai presque lu ... "Le conflit, la femme et la mère"
Publié le 21 Avril 2012
Enfin, pas tout à fait en entier. Pourtant, j'aurais aimé ! (Mais il est très demandé à la médiathèque)
Même si la simplification extrème qu'en ont fait les médias m'a foutu très, très en colère.
En effet, Elisabeth Badinter, qui n'est pourtant pas la première écervelée venue, serait opposée aux couches lavables et à l'allaitement , ainsi qu'à l'accouchement à domicile. Elle considérerait le "maternage" au sens large (allaitement, cododo, couches lavables,congés parentaux prolongés, voire retour à la maison ...) comme une vaste fumisterie, visant à revenir à la Nature, et donc à "sanctifier" la différence entre les hommes et les femmes. Avec son cortège de qualités supposées aux femmes, et regroupés sous le nom "d'instinct maternel".
Or, si l'on prend le temps de se pencher sur la vie et l'oeuvre de cette auteure, et qu'on essaie de lire le livre plutôt que des articles racoleurs (et qui, soyons honnêtes, défoulent beaucoup de gens, car cela fait du bien de taper sur les écolos, qui cherchent à nous faire réfléchir et changer nos comportements, les cons ! :P ), on se rend compte que le propos est bien plus vaste, plus nuancé (trop bizarre, il faudrait donc 269 pages pour approfondir un raisonnement correct, complexe et multi-facettes ? :P )
En effet, Elisabeth Badinter s'élève contre le discours qui élève au rang de "seule bonne mère" celle qui pratique le maternage. Il n'est pas tout à fait faux que, dans une société qui ne sait plus tout à fait où elle en est, la tentation est grande d'en revenir à ce que la plupart des gens considèrent comme des fondamentaux, à savoir la femme au foyer, et l'homme au boulot.
J'avoue qu' en ce qui concerne l'allaitement, c'est une tâche difficile à partager. Pour autant, il ne me semble pas qu'il faille considérer la femme qui allaite comme une femme qui ne se respecte pas. Justement parce que les femmes d'aujourd'hui, qui sont conscientes que leur temps et la mise à disposition de leurs seins ont de la valeur, et ne "vont pas de soi", sont capables de le faire entendre, et de demander que leur mari prenne en charge une part plus considérable du travail domestique.
Là où il me semble en revanche qu'Elisabeth Badinter se trompe lourdement, c'est que les hommes aussi peuvent être écolos, économes, penser que l'allaitement est une bonne chose, et trouver que les purées maison, c'est un plus pour les enfants.
Pour revenir aux couches (oui, ça m'énerve !) , je connais personnellement des papas tout à fait convaincus de l'utilité de la chose. Et vous savez quoi ? Les couches... Ils les lavent ! J'irai même jusqu'à dire que les pères qui sont tout à fait impliqués dans le "parentage", notamment parce qu'on leur a laissé donner leur avis, et qu'on leur offre d'assumer leur part des tâches, au lieu de les prendre pour des enfants ( " Tu veux des couches lavables, mais tu les laveras jamais ! " / "Tu veux un chat, mais qui s'occupera de la caisse ? " ) , sont plus épanouis.
Non, il ne faut pas limiter les tâches domestiques au minimum vital,et l'éducaton de l'enfant à ce qui est le moins contraignant possible, pour que les hommes s'y investissent. Oui, cette injonction du parent parfait vise surtout les femmes.
Mais plutôt que de s'insurger contre la montée du "Naturalisme", il aurait mieux valu démontrer que les hommes ont un rôle à jouer dans l'éducation de leurs enfants "nouveau style". Et que chaque couple , chaque parent, peut faire ses choix. J'ai presque envie de dire que l'aspect central du livre aurait pu être là ... Non, les femmes ne sont pas les seules à se préoccuper de l'environnement, du social ... Non, elles ne sont pas les seules que les discours "faites ce qu'il y a de mieux pour votre enfant" touchent ... Et ça tombe bien, car elles ne sont pas les seules à s'en occupper...
Bref, je suis assez déçue, finalement. Même si je reconnais qu'il est utile de rappeler que nous ne sommes pas que des mères, que nous pouvons faire d'autres choix, je trouve que le propos de quelqu'un d'aussi cultivé auraient pu faire
plus de place à la part des hommes que nous considérons, depuis toujours, comme "féminine". Et que le vrai combat, finalement, il est là ... Leur donner plus de place dans le foyer, et dans l'éducation des enfants en particulier, leur permettre d'être enfin nos égaux dans ce domaine. Nous permettant par là-même de nous "désinvestir" un peu de cette "mission", et de nous consacrer plus aux autres aspects de notre vie...
Sans compter que toutes ces inventions censées nous faciliter la vie ont un coût, et que ce coût impose quasiment aux femmes de travailler. Evidemment, le travail peut être une source d'épanouissement, mais il ne l'est pas toujours ! Alors, s'il faut rester à faire un travail harassant et dans lequel on ne se sent pas bien pour payer le crédit de la poussette et les couches jetables (je caricature un peu, j'avoue) , elle est où l'émancipation ???