La période du "non" - II
Publié le 29 Mars 2014
Attention, cet article peut contenir des traces d'une théorie fumeuse. Mais j'assume.
Autour de moi, j'ai plusieurs enfants de l'âge de ma fille, à un poil près. Enfants d'amis, ou de collègues.
Un truc que j'ai constaté, c'est que, pour la plupart (si vous ne vous sentez pas visé, c'est probablement parce que vous ne l'êtes pas, hein, C. ), ils ont cru déceler un démarrage de cette fameuse période vers 13-14 mois. Curieusement, mes lectures à propos de la psychologie et du cerveau des bébés ont tendance à la placer plutôt autour de 18 mois.
Ca n'a l'air de rien, ces quelques mois d'écart, mais pour un bébé, c'est beaucoup... Or, 18 mois, c'est à peu près moment où les bébés sont capables d'empathie. Tiens, tiens, bizarre, y aurait-il un lien entre "je sais que je suis MOI" et "je sais ce que l'AUTRE ressent et je le comprends " ? A mon avis, la réponse est ... Bien sûr !
Mais pourtant, autour de moi, la réponse est quasi unanime. 14 mois. Réfléchissons un peu (voilà que je me prends pour Isabelle Filliozat ! C'est dangereux, ça, de réfléchir et de mettre en parallèle les comportements de la majorité des enfants, on risque de les comprendre... ) et essayons de voir ce qui se passe dans le développement de la majorité des enfants de 14 mois. (Floh, toi et moi on sait que les Croquettes Belettes ne veulent faire partie d'aucune majorité.)
En général, il se passe ...
CA :
Et en général aussi, ça a des répercussions sur le reste. Déjà, sur le sommeil.
Forcément ! Imaginez que vous vous réveilliez demain, et que vous sachiez voler. Franchement, vous avez envie de dormir ? Ou dès que vous ouvrez un petit bout de zoeil, vous avez envie de tester votre nouveau super-pouvoir ? Même à 6 heures du mat ? ET vous vous écroulez comme une larve le soir...?
Qui dit bébé fatigué dit bébé râleur. Bébé à bras, bébé qui veut descendre des bras, qui veut marcher seul, mais non pas tout seul ... Un poème.
Quand en plus, vous avez la bonne idée de décider que puisque votre petit machin se réveille à 6h du mat', vous allez le coucher plus tard , normalement, vous avez 90% de chances de vous retrouver un bébé qui se réveille un poil de cul plus tard, voire à la même heure, et de mauvais poil. Avec un peu de bons conseils, vous allez en plus le laisser pleurer jusqu'à une heure que vous pensez décente. Donc, tenir éveillé un bébé crevé, le priver de sommeil quand il en a besoin, et essayer de le forcer à dormir quand il n'en a pas envie. Laissez-moi vous dire que ça doit le mettre de bonne humeur, le nain...
Vous voilà donc avec un micromachin énervé. Ajoutez à ça la frustration de ne pas pouvoir utiliser ce super pouvoir n'importe quand, n'importe comment, et de parfois ne pas y arriver et de se gaufrer la tronche par terre... Vous obtenez 10 kilos de soupe au lait bipède.
Et là, ça devient vraiment croustillant.
Parce que si vous, parents, avez décidé que votre bébé est dans sa "phase d'opposition", vous allez presque à coup sûr (Sainte Isabelle, priez pour eux) vouloir "lui montrer qui commande". Donc, quand il vous demandera un câlin, vous le ferez volontairement patienter, quand il aura faim (pas à la même heure que d'habitude, of course... Comme s'il se dépensait plus. Haha... Haha... Oh wait, peut-être qu'il/elle a vraiment les crocs !), pareil, aprce que c'est quqand même pas lui qui va faire la loi, si ? Et quand il vivra une crise de ce qui ressemble à de la colère, mais qui est juste en fait un moment où il a besoin de faire sortir tout ça, vous allez.... L'ignorer. Voire même, si vous êtes un top parent, le punir (je parle ici de bambins de 14 mois à peu près, hein, le time-out à trois ans, c'est pas le sujet). Là encore, je pense que ça va le mettre de bonne humeur.
Et donc, comme votre bébé commence à trouver que vous ne l'écoutez jamais, il va faire quoi ? Et bien, il va faire péter les watts... Crier, pleurer, hurler à chaque fois qu'il voudra quelque chose que vous ne voulez pas lui donner. Et comme ça va vous énerver, vous allez ... Lui montrer qui est le chef.
Et voilà comment on fabrique une phase d'opposition à 14 mois.
Je vais être super mesquine, mais moi, j'ai l'impression que ça les arrange bien, certains parents. Ca évite de se remettre en question, de prendre du temps pour son enfant (alors que ça fait 45 fois ce matin qu'on a chanté la comptine de l'araignée et qu'on voudrait aller aux WC, bordeeeeel !). Chouette, il/elle est dans sa phase "je cherche à prendre le contrôle", je vais (enfin) pouvoir sévir. On dirait qu'ils attendent, ces parents, comme ces gens qui demandent religieusement à leur pédiatre quand ils pourront enfin laisser leur bébé pleurer la nuit...
Je trouve ça triste.
(Et pour ceux qui se demandent, non, je vous assure, je ne suis pas un parent "laxiste". Simplement, je veille à ce que les besoins de ma fille en terme de repos, de nourriture, d'exploration et d'affection soient satisfaits. Et je sais que, comme toutes les périodes liées à de grands apprentissages, plus je suis présente et souple, plus ça va passer vite...)
La prochaine fois, le Pr. Apostille répondra à cette question fondamentale :
Mais POURQUOI ils sont aussi têtus, nos gosses ???